Notes de lecture : Le New Deal vert mondial

En rédaction Web, pensez bienveillance.

Notes de lecture : Le new deal vert mondial

De cet ouvrage, j’ai remarqué en premier lieu le sous-titre : Pourquoi la civilisation fossile va s’effondrer d’ici 2028. Le plan économique pour sauver la vie sur Terre. Rien de moins! Le programme a piqué ma curiosité.

Jeremy Rifkin offre une réflexion sur la suite du monde à une ère sans source d’énergie fossile. En économiste, il s’intéresse aux politiques des pays par rapport à l’énergie et à l’industrie, de même qu’au système économique mondialisé que nous avons créé au cours des dernières décennies. Il imagine ce système économique global sans énergie fossile : il le fait voir, et vivre, dois-je dire, sous nos yeux.

L’argent a ses raisons

L’effondrement annoncé dans le sous-titre en question, assorti d’une date, a de quoi faire réagir. Toutefois, l’ouvrage décrit avec rigueur les signaux récents de la finance mondiale (depuis 2015), qui indiquent en effet que le financement se tarit pour les projets pétroliers et gaziers. Pourquoi? Parce que la ressource est de moins en moins rentable à exploiter, car de plus en plus difficile à extraire, en même temps que les technologies liées aux énergies propres, solaire et éolienne, sont de moins en moins chères à acquérir, donc de plus en plus alléchantes sur le marché.

Une autre raison centrale du désengagement des grands financiers, c’est le risque des actifs bloqués. Comme l’auteur l’explique bien, les actifs bloqués sont des actifs qui risquent une dévaluation importante et assez soudaine aux yeux des investisseurs parce qu’ils peuvent devenir obsolètes avant leur amortissement complet, et ce, compte tenu de changements qu’il est impossible d’ignorer. Par exemple, un changement technologique ou législatif.

Autrement dit, ce sont des actifs sans avenir. Comme une réserve de gaz naturel, s’il devient plus avantageux financièrement de chauffer un bâtiment à l’énergie solaire, par exemple. Comme un oléoduc, si… Je vous laisse compléter la phrase.

Pourquoi l’infrastructure?

Le maître mot de son ouvrage, c’est « infrastructure ». Publique, structurée en réseau, connectée, l’infrastructure (de distribution d’électricité, en particulier) de la « troisième révolution industrielle » est, selon l’auteur, à l’image de ce qu’il appelle l’ère de la résilience. Les infrastructures d’énergie renouvelable doivent remplacer les infrastructures produisant de l’électricité à partir d’énergies fossiles ou d’autres sources non renouvelables, comme l’uranium.

Depuis la première révolution industrielle, les infrastructures ont permis l’enrichissement de leurs utilisateurs dans de nombreux pays occidentaux en offrant des services précieux, comme l’éclairage, le chauffage, l’énergie pour la transformation des matières premières, le transport des biens et des personnes. Pour qu’elles continuent de jouer leur rôle au cours des prochaines années, l’auteur nous imagine les transformer et les rendre exemptes d’énergies fossiles, de manière à laisser sous terre et au fond des mers le carbone qui s’y trouve encore séquestré sous forme de combustibles fossiles.

En se servant d’exemples (et de contre-exemples) offerts par divers pays, l’auteur brosse le portrait des régions du globe où des projets d’infrastructures de production, de stockage ou de transport d’énergie solaire et éolienne sont en marche. Il analyse aussi le cas de l’ouest du Canada, déchiré par des vues opposées sur l’avenir des projets pétroliers et gaziers.

Ce « géant qui dort »

Au fil de ses analyses, l’auteur fait une fleur à l’une des grandes institutions du Québec pour le financement d’une infrastructure de transport majeure : « La Caisse de dépôt et de placement du Québec (CDPQ), le fonds de pension géant québécois, […] a réuni assez de ressources pour développer et gérer le système ferroviaire de Montréal » (p. 215), souligne-t-il.

Vous l’aurez peut-être deviné, le géant qui dort que cet économiste veut pincer sont les fonds de retraite de travailleurs de partout dans le monde. Il les voit jouer un rôle central dans le financement de projets d’infrastructures sans carbone permettant à la vie sur Terre de continuer. Ces fonds sont des outils à la disposition des petits investisseurs pour passer à l’action, pour contribuer à créer une infrastructure verte qui offrira du travail et des services essentiels aux travailleurs des générations futures.

« Le New Deal Vert est un fil narratif qui a évolué et mûri avec les années. […] Aujourd’hui l’humanité est arrivée à un seuil : soit c’est la fin de la partie, soit, espérons-le, c’est un nouveau départ. […] Ce dont nous avons désespérément besoin, c’est de transformer ce fil narratif en une vraie narration, puissante, qui nous entraîne avec elle », conclut-il.

Un avenir autre

C’est exact : nous avons besoin de nous imaginer, de nous projeter, de fabuler. C’est indispensable pour donner une direction à nos actes. Pourquoi ne pas saisir cette capacité que nous avons pour plonger dans une ère postcarbone et, ainsi, protéger nos milieux de vie (entendre « qui rendent la vie possible sur Terre ») et ceux des prochaines générations? À mon avis, la vulgarisation des enjeux environnementaux et des solutions qui existent pour les résoudre fait partie du nouveau chapitre à écrire et à communiquer largement.

L’auteur termine son ouvrage en relatant des projets qu’il accompagne dans certaines régions d’Europe pour favoriser l’avènement d’une troisième révolution industrielle. On peut trouver l’information au https://www.foet.org/about/tir-consulting-group/.


Compte rendu de l’ouvrage de Jeremy Rifkin, Le New deal vert mondial. Pourquoi la civilisation fossile va s’effondrer d’ici 2028. Le plan économique pour sauver la vie sur Terre, s.l., Les liens qui libèrent, 2020 pour l’édition française, 2019 pour l’édition originale.

bg image

Vous avez un projet de documentation technique ou d'outil de communication en environnement?


Planifions une rencontre!