
Malgré le consensus scientifique sur le dérèglement climatique (et ses manifestations bien concrètes, de semaine en semaine, comme les inondations, les sécheresses, les périodes caniculaires), il reste difficile de parler de la crise climatique et d’être écouté. Le projet de recherche intitulé Adaptation aux changements climatiques au Québec : comment mieux communiquer et favoriser l'engagement de la population en contexte pandémique? a amené le consortium Ouranos et une équipe de recherche à se pencher sur la question. Voici ce que j'en ai appris.
Parmi les résultats, on identifie 9 recommandations pour communiquer plus efficacement sur la crise climatique. Je vous propose un résumé de ces recommandations :
1) Choisir le bon cadrage. S’il n’est pas spécifique à la communication climatique, ce principe est tout de même pertinent à rappeler. Pour convaincre un groupe de décideurs socioéconomiques, on leur parle d’impacts économiques de la crise climatique, par exemple. On emprunte le vocabulaire que le public utilise.
2) Éviter la surcharge informationnelle. Dans le monde actuel, l’attention du public est éparpillée. On reçoit une multitude de messages en provenance d’un grand nombre de canaux de communication. Il vaut mieux doser sa présence et travailler la qualité du contenu que marteler un message simpliste. Le risque de parler du climat est d’ailleurs d’alimenter l’écoanxiété, ce qui signifie qu’il est d’autant plus important de privilégier la qualité de l’information plutôt que la quantité.
3) Doser le réalisme et l’optimisme. Un message pessimiste peut paralyser et un message trop optimiste n’atteindra pas son objectif de sensibiliser ou d’alerter. Il est plus approprié de spécifier au public comment se mettre en action pour atteindre des objectifs réalistes.
4) Choisir un messager crédible. Dans l’étude réalisée, parmi toutes les catégories de porte-paroles, ce sont les scientifiques et les médecins, avec un cadrage axé sur la santé, qui ont la cote auprès du public : on écoute plus volontiers ce qu’ils ont à dire sur la crise climatique (comme lors de la pandémie).
5) Opter pour la vulgarisation. Les personnes interrogées pour l’étude ont la perception que leur littératie climatique est relativement faible. Il reste toujours pertinent de vulgariser les concepts de base relatifs à la science du climat et de l’environnement.
6) Réduire la distance psychologique. La distance psychologique est la distance entre le risque perçu pour soi et le risque global, pour l’ensemble des habitants de la planète. Pour réduire cette distance, la communication climatique doit parler des effets locaux du dérèglement climatique.
7) Cesser de surresponsabiliser l’individu. Il est pertinent que la communication sur le climat puisse revoir le rôle de l’individu comme acteur dans la crise climatique. On sait que les gestes favorables pour le climat sont ceux qu’on pose collectivement, ce pourquoi il est plus avantageux d’encourager l’acceptabilité sociale ou le soutien individuel aux grands changements collectifs que de responsabiliser à outrance les personnes dans leurs gestes individuels.
8) Doser le niveau d’engagement requis individuellement. Pour un grand changement, montrer qu’il est réalisable en petites étapes. Montrer aussi les côtés positifs associés à ces grands changements pour les individus.
9) Cultiver le sentiment d’empathie. La pandémie a montré que le public est ouvert à offrir une protection aux populations dites vulnérables. Celles qui souffrent directement du dérèglement climatique peuvent donc espérer l’empathie des populations mieux outillées pour faire face à la crise climatique.
Un webinaire a eu lieu dans le cadre de ce projet de recherche. Il dure environ deux heures et il est toujours possible de l’écouter.